mardi 30 janvier 2007

Le Tricolore reprend le quatrième rang aux Sénateurs

MONTRÉAL (PC) -- Le Canadien ne cessera jamais d'étonner ses fidèles partisans. Opposé à l'une des formations de l'heure dans la Ligue nationale, le Tricolore a disputé un bon match pour disposer des Sénateurs d'Ottawa 3-1, lundi soir, au Centre Bell.
Des buts de Sheldon Souray (17e), Mark Streit (4e) et Tomas Plekanec (10e), réussis en l'espace de deux minutes et 24 secondes en deuxième période, ont permis au Canadien de l'emporter et de reprendre, par le fait même, le quatrième rang de l'Association Est.
Chris Phillips a marqué l'unique filet des visiteurs.
«C'était un match enlevant, un match vraiment plaisant à coacher», a commenté Guy Carbonneau qui avait retrouvé le sourire. «Tout le monde s'est impliqué. C'est de cette façon qu'il faut jouer, a-t-il ajouté.
«Ce soir, Sergeï Samsonov a tenté de bloquer des lancers. Guillaume Latendresse en a fait autant. L'équipe a travaillé fort et on a eu des résultats.
«C'est un match dont il faut se souvenir. Plus on travaille, plus le match devient facile à jouer», a insisté l'entraîneur.
Aux antipodes
On pouvait craindre un match à sens unique en raison du dossier des deux équipes depuis Noël. D'un côté, les Sénateurs présentaient un rendement de 12-2-1 depuis le 23 décembre. De l'autre, le Canadien avait une fiche de 6-10-0 durant la même période.
Les partisans du Tricolore avaient donc raison de s'inquiéter puisque les Sénateurs ont pris les devants après seulement 52 secondes de jeu. Un tir voilé de Phillips a surpris David Aebischer qui s'était agenouillé un peu trop rapidement.
Aebischer a toutefois résisté aux attaques des Sénateurs, réalisant des arrêts avec plus d'assurance.
Le Canadien a travaillé fort au cours de l'engagement sans pour autant inquiéter la défense outaouaise. Seul Sergeï Samsonov a éprouvé Ray Emery d'un tir de qualité. Le Russe, qui comptait un but à ses 19 derniers matchs, a obtenu trois des 11 tirs du Tricolore.
Le bleu-blanc-rouge a créé l'égalité en deuxième durant une supériorité numérique. Un puissant tir sur réception de Souray a eu raison d'Emery à 10:55 de la période. Juste avant, Alex Kovalev avait raté deux occasions en or de marquer. Le but de Souray était son 14e en avantage numérique, ce qui améliorait son record d'équipe pour un défenseur.
Streit a fait 2-1 à 12:01 grâce à une passe lumineuse qu'Andreï Markov lui a dirigée par la clôture. Streit a pu s'échapper et glisser la rondelle sous Emery. Un but spectaculaire que les 21 273 spectateurs ont bruyamment applaudi.
Le festival offensif n'était pas terminé puisque Plekanec a ajouté un troisième but, cette fois en infériorité numérique. Le Tchèque a pu se dégager du défenseur Tom Preissing pour se présenter seul devant Emery qu'il a habilement déjoué d'un revers.
Aebischer a préservé l'avance du Canadien en troisième lorsqu'il a réalisé un arrêt du tonnerre de la mitaine aux dépens de Jason Spezza. Le joueur des Sénateurs s'était présenté seul après avoir habilement déjoué Souray, sa victime préférée dans pareilles circonstances.

Dryden parmi les immortels

MONTRÉAL – Comme il l’a fait si souvent lorsqu’il protégeait la cage des Canadiens, Ken Dryden a de nouveau gardé ses partisans sur le bout de leur siège.Avant le gain de 3-1 du Tricolore contre les Sénateurs, le gardien format géant à la pose légendaire a reçu l’ultime honneur qu’un joueur peut recevoir en voyant son fameux numéro 29 hissé dans les hauteurs du Centre Bell.Pour l’occasion, Dryden était accompagné de son frère aîné Dave, de sa conjointe Lynda, de ses deux enfants Michael et Sarah de même que sa petite-fille âgée d’à peine trois semaines, Khaya, qui portait le même chandail tricoté à la main que ses enfants ont portée lors de leur première présence au Forum.La cérémonie a battu son plein lorsque Dryden est apparu sur l’écran géant alors qu’il était dans le vestiaire des Canadiens, portant son masque tricolore légendaire avec son classique bâton Sher-Wood.« Lorsque j’ai fait mon entrée sur la glace alors que l’amphithéâtre était plongé dans la pénombre, je ne pouvais pas voir les quelque 21 000 spectateurs, mais je pouvais certainement les entendre. Je ne savais pas réellement quoi faire. Il était important pour moi de trouver les mots justes pour dire ce que je ressentais. »
Fidèle à son habitude, c’est ce qu’il a fait.
« C’était ma dernière chance de dire merci », a avoué Dryden. « Depuis plus de 35 ans, on me dit merci. Je reçois encore de bons mots, des encouragements et j’ai maintenant une bannière avec mon numéro qui me permettra de m’en souvenir pour le restant de mes jours. Merci, vous m’avez donné un cadeau qui durera toute la vie.»
Un autre grand gardien était présent pour témoigner de la fructueuse carrière de Dryden.Malgré avoir été des rivaux dans le cadre de l’une des plus intenses rivalités que le hockey ait connu, Dryden et le gardien soviétique Vladislav Tretiak ont toujours eu un respect mutuel l’un envers l’autre, respect qui est encore bien présent aujourd’hui.
« Je suis très heureux qu'il ait pensé à moi », a confié le légendaire numéro 20 de l’ex-U.R.S.S. « Dès qu'on m'a appelé, je n'ai pas hésité une seule seconde, même si cela représentait de faire le long voyage de Moscou à Montréal. Ken a été un très, très grand gardien de but et je suis très heureux d'être ici pour vivre cette journée mémorable. »
Leurs batailles épiques, incluant leur premier face à face en 1969, la Série du siècle en 1972 et la désormais célèbre rencontre du 31 décembre 1975, n’ont eu comme effet de rapprocher les deux cerbères.
« Avec le recul, vous devez vous compter chanceux d’avoir eu des adversaires aussi redoutables », a indiqué Dryden en faisant référence à Tretiak ainsi qu’aux batailles mémorables entre les Canadiens et les Bruins. « C’est de passer aux travers les rencontres les plus difficiles qui est le plus gratifiant et ce sont ces rencontres dont vous vous souvenez le plus. »« Ali avait besoin de Frazier. Frazier avait besoin d’Ali. Les Yankees ont besoin des Red Sox comme les Red Sox ont besoin des Yankees », a renchéri Dryden. « Pour nous, c’était les Bruins. De saisir l’occasion de battre un rival est ce qui rend la victoire d’autant plus spéciale. »
C’est d’ailleurs contre cette formation, lors du printemps 1971, que Dryden a attiré les projecteurs vers lui pour la première fois. Son pilote à l’époque, Al MacNeil, l’avait lancé dans la mêlée en première ronde contre Boston qui avait terminé au premier rang du classement général.
« Un entraîneur recrue et un gardien recrue, une proposition terrifiante, vous direz sans doute et avec raison », a affirmé MacNeil. «Ce n’était pas un gardien ordinaire, c’était Ken Dryden. Nous avons battu les favoris les Bruins, puis les North Stars et enfin les Blackhawks en sept matchs pour remporter la coupe Stanley. Ce n’était que le début pour Ken. »
Dryden a remporté cinq autres coupes Stanley en sept saisons. Seul Jacques Plante, le seul autre gardien de l’organisation dont le numéro est suspendu dans les hauteurs du Centre Bell, peut se vanter d’avoir gagné le précieux trophée en autant d’occasions dans l’histoire de la LNH à cette position.
« Guy Lafleur avait les cheveux au vent, Jean Béliveau était si imposant, Maurice « Rocket » Richard était tout en puissance et moi, j’ai fait ma marque en regardant l’action, en me reposant sur mon bâton, en ne faisant pas grand-chose », a lancé Dryden, tout sourire. « Mais, c’était les années 1970 et nous avons gagné notre lot de coupes Stanley. »
À voir la réaction des gens au Centre Bell, il a représenté et représente encore aujourd’hui beaucoup plus que ça.